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Rencontre avec Aïssa - éducateur sportif à l'UFOLEP13 depuis 2017 et doucle champion PACA en Low Kick et Muay Thaï

 Aissa Champion Paca Muay Thai

Tout d’abord, Aïssa, toutes nos félicitations… Tu as remporté la Coupe PACA Low Kick le 7 novembre 2021 et le titre de Champion PACA Muay Thaï le 28 novembre 2021.
Pourrais-tu nous dire rapidement qui tu es ? et quel a été ton parcours ?
Je m’appelle Aïssa Riah. J’ai 33 ans et je suis éducateur sportif depuis 2013.
J’ai un BPJEPS APT. J’ai commencé à travailler comme éducateur sportif avec l’ADDAP13. Puis avec l’UFOLEP13 depuis 2017.
J’interviens avec différents publics… aussi bien avec des ados en difficultés, des classes relais dans des collèges ou encore les 3-5 ans avec la Baby Gym.

 

Pourquoi tu as voulu devenir éducateur sportif ?
Depuis enfant, j’aime le sport… J’ai grandi dans le sport, j’ai fait un peu d’arts martiaux comme l’Aïkido. Quand j’étais petit mon oncle pratiquait le karaté et, du coup, il m’a appris à faire du karaté. Et, à force, avec les années, j’ai passé des grades et commencé à former des jeunes dans les arts martiaux. Je me suis aperçu que j’aimais transmettre par le sport… Avec le sport y’a tout : y’a un règlement, ce n’est pas juste tu viens, tu cours et après tu rentres… Y’a de tout dans le sport : le respect, les règles… Il faut respecter tout…
Je suis arrivé en France, avec ma famille à l’âge de 13 ans. Je n’avais pas une bonne moyenne en 3ème alors on m’a orienté en CAP Ferronnerie d’Art mais je n’aimais pas trop, je ne voulais pas faire ce métier. Je n’avais pas le choix, c’était soit je finis à la rue soit je fais un CAP… Valait mieux un CAP que rien… Je l’ai obtenu mais j’ai arrêté l’école.
Un ami forain m’a fait travailler avec lui sur les marchés pour l’aider à installer le stand, vendre… mais c’était plus une aide que réellement un travail. Je l’ai quand même fait pendant 5 ans, tous les jours, on se déplaçait un peu de partout dans le département. C’était une belle expérience car d’une certaine manière les marchés c’était comme le sport… une partie physique et une partie sociale (attirer les clients, voir des personnes de différents milieux, se créer des contacts parmi les clients…)
A 22 ans, je me suis dit que je ne voulais pas faire ma vie sur les marchés… Il fallait que je fasse autre chose… Comme j’étais toujours dans le sport, je me suis dit que je pouvais, peut-être, obtenir un diplôme sportif. A ce moment-là, je pratiquais toujours beaucoup de sports… notamment l’Aïkido puisque j’étais 2ème Dan. Même quand je faisais les marchés, je donnais des cours d’aïkido le soir à des enfants pour les aider à s’entrainer, passer leurs grades… Et je me voyais bien dedans. Je me suis dit que c’est le métier qu’il me fallait… L’animation avec les plus jeunes, tout en leur transmettant les belles valeurs du sport.

 

Qui t’a aidé à t’orienter ?
Je suis donc allé chez Pole Emploi et comme j’avais moins de 25 ans, ils m’ont envoyé à la mission locale. En arrivant à la mission locale, je leur ai dit que je voulais travailler dans le sport mais que je ne connaissais pas les diplômes qui existaient (même pas le BAFA). Et c’est à ce moment-là qu’ils m’ont dit « Bon vu que tu as arrêté l’école depuis un moment, on va t’envoyer à l’école de la 2ème chance pour avoir une remise à niveau et en même temps, ils vont t’aider à créer ton projet professionnel (métier, formation…) »
Au début, j’ai hésité car c’était « mal vu » l’Ecole de la 2ème chance. On me disait qu’il y avait que des délinquants, des gens qui sortaient de prison… J’avais une appréhension mais quand j’y suis allé… rien à voir, c’était comme une famille… tout le monde s’entendait bien, tout le monde voulait réussir dans la vie… J’avais des bons formateurs qui nous suivaient… J’avais aussi des professeurs de sports avec qui échanger… Mais surtout, Jacques, professeur d’informatique et pratiquant d’Arts Martiaux (Vlad Voda) avec qui j’avais un lien très fort car on s’entrainait régulièrement entre midi et deux. Il savait que je cherchais à travailler dans le sport et quand il a vu que l’ADDAP13 recrutait il m’a poussé à postuler en me disant que ça correspondait à ce que je cherchais… C’était le contrat d’avenir avec ADDAP 13.
Je suis allé à l’entretien avec très peu d’expérience… j’étais timide, je ne savais pas quoi dire… Je ne me suis pas mis en valeur… Je n’ai même pas parlé de mon sport, de mon diplôme d’instructeur alors que j’aurais dû parler de tout ça… Et, je ne l’ai pas convaincu alors j’ai continué mon cursus à l’école de la 2ème chance pour trouver une autre formation…
Pendant 3 mois, j’ai continué à faire des recherches, je ne voulais pas perdre encore un an alors je m’étais dit que je prendrais n’importe quel travail… J’ai fait un stage d’un mois chez Lidl au Marché aux Puces. Il devait me garder mais suite à un malentendu entre eux et moi ça ne s’est pas concrétisé.
J’ai eu de la chance… 2 semaines après, l’ADDAP13 me rappelle en me disant qu’un jeune est parti, qu’on est 5 et que parmi les 5 on choisira une personne. Et, là, Jacques m’a dit « Aïssa c’est ta dernière chance, tu as eu la première… Là c’est la dernière… Prépares-toi bien » Il m’a aidé à faire mon CV, lettre de motivations… il m’a conseillé et préparé pour l’entretien…
Je suis, donc, arrivé à l’entretien en me disant que c’était ma dernière chance et que si je loupais cet entretien ça serait « mort » pour moi. L’entretien s’est très très très bien passé… J’ai pu bien parler de moi… Ils m’ont même demandé pourquoi je n’avais pas parlé de tout ça la première fois. Et j’ai été pris à l’ADDAP13. J’ai fait 3 ans avec eux dont 2 ans de formations pour le BPJEPS qu’ils ont pris en charge.
Et depuis, je suis dans l’animation et je ne regrette pas… ça me plait, c’est une passion… aussi bien dans la pratique de mon sport que dans le fait de transmettre et enseigner à des jeunes en pouvant les suivre dans leurs évolutions.

 

C’est tout le suivi qui te plait ?
Oui… Ils grandissent et ils ont une reconnaissance envers toi, un respect… quand je les croise dans la rue, ils me saluent et me remercient… Il se rappelle que j’étais leur éducateur et de ce qu’on a fait ensemble. Par exemple, j’ai des jeunes que j’ai eu quand j’étais à l’ADDAP et qui sont des adultes aujourd’hui… certains vont s’engager dans l’armée ou encore chez les pompiers et je continue de les entrainer pour les préparer physiquement pour les concours…
Et moi, je suis content car pour certains on les voyait finir délinquant et quand je les vois adultes comme ça je me dis que c’est bien et que je les ai peut-être aidés. Notamment, pour l’un des jeunes que je connais depuis 2013, que je croise dans la rue et qui me salut et me remercie encore de lui avoir apporté quelque chose, de lui avoir fait aimer le sport… Il a vu qu’il avait d’autres possibilités d’avenir et qu’il avait aussi sa chance.
C’est ça le métier d’éducateur : Transmettre et Sauver des jeunes !

 

Dis-nous en plus sur ton parcours à l’UFOLEP13 ?
Je suis salarié à l’UFOLEP13 depuis 2017… En 4 ans, j’ai pu acquérir de plus en plus d’expérience et de compétences en tant qu’éducateur sportif. C’est une association qui permet de travailler avec des publics complètement différents.
Moi, par exemple, maintenant, je travaille avec les 3-5 ans. Je leur fais faire de la gym, du parcours, je travaille sur la motricité, la coordination… C’est une bonne expérience pour moi.
J’interviens… j’intervenais avec SERENA, c’est des CNITEP, des enfants en difficultés. Je leur proposais des activités sportives trois fois par semaine… ça s’est super bien passé…
Je fais des classes relais. C’est une classe « spéciale » avec des jeunes de 13-15 ans qui ont des difficultés sur dans leur vie quotidienne, aussi bien au niveau scolaire que des problèmes familiaux. Le but de ces classes relais, c’est d’aider et d’orienter ces jeunes pour qu’ils restent dans le système scolaire le plus longtemps possible.
J’interviens aussi sur la prison des Baumettes avec les jeunes filles mineures. Je leur proposais des séances sportives. C’est une très bonne expérience car c’est encore un autre public pas facile à capter… Mais c’est ça qui est intéressant.
Je fais, aussi, du multi-sports avec les 6-11 ans ou encore des prestations avec les centres sociaux. J’interviens, régulièrement, sur des « évènements » pour montrer aux jeunes différentes pratiques sportives avec des sports classiques ou innovants.
Du coup, au fil du temps, j’ai pu acquérir beaucoup d’expériences grâce à la multitude et la diversité des publics rencontraient. Et, je trouve que, l’UFOLEP c’est une très bonne association justement parce qu’on travaille avec différents publics… On ne travaille pas toujours avec le même public alors faut s’adapter, se renouveler et ça nous fais progresser.

 

Et ton avenir avec l’UFOLEP13 ?
Pour l’avenir… Je ne peux pas vous dire si je vais rester avec l’UFOLEP ou pas… Qui connait l’avenir ? Ce que je peux dire, c’est que pour l’instant je suis bien à l’UFOLEP13, je me sens bien, je fais mon travail et je me régale avec les jeunes…

 

En parallèle, quels sports pratiques-tu ?
Mes deux premiers arts martiaux que je pratique c’est le Self-Défense et Aïkido Budo. Puis, je me suis mis à la boxe car je voulais absolument monter sur un ring pour voir la sensation… tout le monde ne peut pas monter sur un ring… En plus, pour faire aimer le sport et pouvoir le transmettre correctement à un jeune, je pense, qu’il faut que tu sois passé par ça. Si un jeune te parle de la boxe et que tu n’as jamais pratiqué, tu ne peux pas l’aiguiller, le conseiller… et comme, depuis petit, c’est ma passion et que je voulais faire ça, je me suis mis à la boxe et j’ai fait quelques compétitions pour acquérir une expérience sur le ring. Ça fait, maintenant, 4 ans que je pratique le boxe… J’ai commencé par la boxe anglaise qui n’est qu’avec les poings. Puis j’ai continué sur le Kick-boxing (pieds – poings). Ensuite le Muay Thaï (pieds – poings – coudes – genoux) avec plus de corps à corps, c’est un autre Art… encore plus complexe.
Je suis plus sur le Kick que le Muay Thaï qui est un art comme tous les sports mais il faut du temps pour progresser. Chaque sport a ses valeurs, ses compétences et il faut y aller doucement… il ne faut pas sauter les étapes.
Au départ, j’avais une préférence pour la boxe anglaise mais c’est très compliqué de trouver des compétitions alors que le kick c’est tous les ans et tu peux combattre 2/3 fois par an.

 

Et là… De nouveau, toutes nos félicitations pour tes combats et tes deux titres : : vainqueur de la Coupe PACA Low Kick le 7 novembre 2021 et le titre de Champion PACA Muay Thaï le 28 novembre 2021. Prochain combat… Le samedi 18 décembre ?
Oui ! Championnat PACA de Kick Boxing… Et si tout se passe bien, je vais en Coupe de France en mars 2022.

 

Tu sais déjà contre qui tu vas combattre ?
On connait nos adversaires que quelques jours avant, voir, le jour même ; et là on va savoir combien de combats on va faire. Par exemple, pour la Coupe PACA, pour les -63kg, on était 3 adversaires et j’ai fait 2 combats qu’il fallait gagner pour être qualifié… Ce que j’ai fait. Quand il y a 3 adversaires… Un, accède directement en finale grâce à un tirage au sort… C’est toi et ta chance.
Mais c’est encore plus valorisant de se dire que tu as gagné en faisant 2 combats alors que l’autre finaliste n’en avait pas fait. J’ai gagné mes 2 combats aux points en 3 rounds.

 

Du coup, suspense pour le 18…
C’est ça mais on va tout donner et, déjà, je ne regrette rien… J’ai eu tout ce que je voulais… Et rien que monter sur un ring c’est, ce que j’aime.
Tout ça, c’est une très bonne expérience pour moi quel que soit le résultat.

 

Rendez-vous a quelle heure pour te voir ?
Les combats commencent à partir de 11h mais je ne sais pas à quelle heure je passe car ça va dépendre du nombre de concurrents dans chaque catégorie.

 

Prochaine étape ?
La retraite ! Plus sérieusement, je veux continuer à travailler avec les jeunes, dans les arts martiaux et leur transmettre les valeurs du sport…
J’ai créé un club d’arts martiaux « Club Viet Aïki » au Canet dans le 14ème à Marseille. J’ai les jeunes du quartier qui viennent… à partir de 3 ans. On a beaucoup d’ados et un peu d’adultes qui viennent pratiquer la boxe et faire de la prépa physique. Les cours ont lieu les lundis et jeudis de 18h à 20h30. Ces jours-là, je suis le professeur et le reste du temps, l’élève… Je m’entraine avec le club Hari Thaï a la Busserade.

 

Jusqu’à quand te vois-tu combattre ?
C’est ma dernière année en compétition… J’ai 33 ans… Et là, je veux juste voire jusqu’où je peux aller. Après je vais continuer à pratiquer le sport, la boxe… mais plus en compétition.
Mais la relève est assurée… j’entraine mes neveux et nièces mais aussi mes filles…

Je veux continuer à travailler avec les jeunes des quartiers, les aider à rester sur la « bonne voie » pour bien les orienter et transmettre toutes les belles valeurs du sport... Les aider à avoir un avenir.
C’est une manière de leur donner ce qu’on m’a donné.

 

Rendez-vous, donc le samedi 18 décembre, à partir de 11h au gymnase Lamartine – Championnat PACA de Kick-Boxing pour se qualifier pour la Coupe de France qui aura lieu en mars 2022.

 

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